L’Espoir du Papillon
L’Espoir du Papillon…
Pour bien commencer ma journée, je m’installe dans le jardin pour avoir quelques rayons dorés du matin. Je joue avec cette maman chatte et ses petits… Elle vient se frotter à moi en cherchant des câlins… ça fait du bien de l’avoir si près, elle est douce même avec la poussière qui couvre son pelage blanc et le rend ocre comme les murs de la maison… Nous profitons tous de la délicatesse de ces rayons matinaux au pied du citronnier… ça réchauffe bien nos os qui avaient goûté à la dureté du vent fort de la veille. Puis je tourne la tête sans aucune raison apparente à mes sens humains, et je vois une créature frêle qui bat des ailes dans cette eau stagnante pleine de feuilles rose fuchsia tombées du bougainvillier… Un papillon aux ailes d’un jaune curcuma était en train de se noyer… Il se bat pour vivre ! Comment le sauver? Vite un bâton !! Il s’y accroche et y reste collé, ses antennes bougent et ses yeux minuscules aussi, ouf, il est vivant, la douceur du soleil le réchauffe, je décolle ses ailes délicatement du bâton et il me laisse faire, il se pose sur ma main, il a l’air rassuré…, je constate qu’une aile est fissurée, ce qui remplit mon cœur de tristesse pour lui… mais je garde espoir… tout en veillant à ce que la chatte et ses petits restent loin… Je prie pour lui et compare ma vie de confinée à la sienne… Son cours a changé depuis que nous avons dû rester « chez nous », n’étant pas chez moi complètement car chez mes parents, je me sens comme ce papillon à qui corona est venu couper les ailes… Moi la nomade qui aime visiter les coins et recoins de notre terre pour m’enrichir de la sagesse des femmes, hommes et enfants qui y vivent… Me voilà forcée à rester dans un seul endroit, comme si mes ailes étaient coupées… Je dépose ma petite créature si vulnérable sur une feuille de bougainvillier rose, elle s’y plaît, son souffle est là, bien présent, haletant après le choc ! Il ne vole toujours pas ce beau papillon, est-il en train de rendre son dernier souffle ? Soudain, l’aile de droite commence à bouger… L’espoir commence à emplir mon être! Je prie pour mon papillon curcuma aux tâches poivrées… Je prie de toutes mes forces pour qu’il goûte à nouveau aux joies de l’envol… Et tout d’un coup et sans un signe annonciateur de bonnes nouvelles, il s’envole… Mon cœur bondit de joie pour lui… Le papillon a pris de la hauteur, il s’est posé sur une feuille verte de ce jeune eucalyptus s’étirant vers les cimes… L’espoir est là, il est ce papillon. Il est la vie dans toute chose aussi minuscule soit elle ! Merci la vie ! Merci pour la vie !
Nezha Drissi, aux pieds du Moyen Atlas, Maroc le 16 avril 2020